Virtual Rehab est un outil visant à préparer professionnellement et psychologiquement les détenus au retour à la vie civile.
10,5 millions. C’est le nombre d’individus incarcérés dans le monde, dont 2,2 millions recensés rien qu’aux Etats-Unis. C’est dire la problématique à laquelle est confrontée le Pays de l’Oncle Sam. Pis, selon le National Institute of Justice, 75 % des personnes libérées récidives dans les cinq années qui ont suivi la fin de leur peine. Une étude réalisée sur plus de 400 000 sujets, et qui dépeint largement les difficultés des USA à réhabiliter ses détenus. Au contraire des pays nordiques, et de la Suède en particulier, qui se voyait obligé de fermer certaines de ses prisons faute de détenus. Un exemple que veut suivre les States, prêts à mettre les moyens financiers à travers une expérience innovante : la réalité virtuelle au service des prisonniers.
Virtual Rehab est un outil qui cherche à réhabiliter les détenus. « L’objectif de Virtual Rehab est d’éduquer plutôt que de réprimander », objective le Docteur Raji Wahidy, à l’origine du projet. « Dans la vie, chaque personne mérite une seconde chance. Les prisonniers ne font pas exception à cette règle. Ce sont eux qui le plus besoin d’aide et de soutien pour devenir de meilleurs citoyens une fois leur libération », argumente-t-il. Et c’est là que la magie de la réalité virtuelle intervient. Pour mieux comprendre les objectifs de Virtual Rehab, Mr Wahidy présente des exemples clairs et simples : chaque leçon apprise lors d’un séminaire, d’un cours universitaire ou d’un apprentissage se veut réellement efficace une fois sa mise en pratique. Autrement dit, un enseignement productif.
Apprendre un métier grâce à la réalité virtuelle : la réinsertion du XXIe siècle ?
Ce schéma d’apprentissage pourrait ainsi s’appliquer aux activités des détenus. Ecouter un psychiatre assis sur une chaise n’a pas systématiquement de résonance efficiente. En somme, ce n’est pas en faisant une morale psychologique qu’une mentalité est susceptible de changer. « Mettre un enfant au coin ne lui apprend pas comment devenir une meilleure personne, mais lui enseigne seulement la manière dont il ne faut pas se faire prendre », argumente Raji. C’est donc à travers des expériences immersives que les chercheurs visent à rectifier le tir. En premier lieu, le contenu VR inverserait les rôles agresseurs/victimes, propulsant le prisonnier dans la peau d’une personne agressée. Mais la seconde utilisation de la réalité virtuelle demeure bien plus constructive : tenter d’acquérir des compétences professionnelles pouvant être mises à profit dans le monde réel.
Le domaine de la carrosserie serait par exemple intégré à des contenus interactifs. L’utilisateur apprendrait à remplacer une batterie et sélectionner les bons outils sans demander aucune permission à l’instructeur. Utiliser du matériel comme bon lui semble décuplerait logiquement le sentiment de liberté du prisonnier, tout en améliorant la sécurité des lieux de part la virtualité de l’équipement manipulé. L’aspect ludique de la réalité virtuelle est évidemment à mettre en avant : entre lire un bouquin d’apprentissage et s’immerger dans un environnement immersif instructif, le choix est vite fait. Le but final du projet est clair : préparer, au mieux, l’après incarcération, tant sur le plan professionnel que psychologique. Si, en pratique, la réparation d’une automobile semble bien plus compliquée qu’en VR, l’expérience est susceptible de déclencher une prise de conscience ou le début d’une nouvelle passion chez un détenu. « L’équipe sera accompagnée de psychiatres et de professionnels de la santé qui nous aideront à mieux adapter l’outil aux comportements et aux psychologies des personnes », complète Raji Wahidy. L’idée reste novatrice et porteuse d’espoirs. Le lancement officiel est lui prévu en juin 2017.
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